Râle intérieur. Amenuisement, l’usure est bien lente. Les pièces tournent, de bois et de fer, sous vide, leurs grincements n’existent pas, on ne sait à quoi ils ressemblent. Une lumière pâle se dépose sur les courroies et les roues, le balancier discret va de l’ombre au jour, rongé par le temps. Un vieil archétype durci au centre des rouages, un halo des gouttes de vapeur qui s’en sont dégagées au fil des siècles l’entoure d’échevelures dont parfois une ou deux résonnent, un craquement révélé filtrant fugitivement le plein espace de la boîte. La machine se retourne et marque un tour supplémentaire dans l’argile sèche qui se fissure.
13.12.97
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Dans une langue amère les paroles franchissent le seuil des dents, passent les lèvres et se jettent dans l’air. De l’intérieur clos transpercé de lumière, une machine récupère les ondes et fabrique de solides arguments afin qu’ils se dissolvent au dehors. L’impression vague de tristesse reste en un haut siège heureux de puissance, une joie hérissante de pourvoir l’espace de fiel et de presque haine, pour supporter ses cordes, enclenche les rouages de la parole. Mots qui ne sortent pas mais sont posés, le plus souvent d’un semblant d’y penser ; c’est une imagination qui règle les hasards afin qu’ils n’en fussent pas. Plaquée contre une nuque tendue et lourde, l’échine. Le corps penché, étranger, demeure interrogé.
25.12.97