Pas de meilleur jour à trancher qu’il se présente sur un ciel couvert de masses nuageuses qui s’entrechoquent lentement - lentement quand on les voit d’ici, elles se percutent en réalité de leurs fronts et s’épaississent en hauteur en une montée d’embrassades vaporeuses - les nuages défilent les uns sous les autres en nappes de régiments en retraite du nord ouest, filent mais laissent leur ombre tomber, à perte. Quelques degrés passent au cadran solaire de l’époque.
L’amiral est content du tour que prennent les événements, un sourire triste de circonstance sur les lèvres, il arpente le plancher décapé du salon en songeant à ce sourire étudié qu’il s’imagine tel que dans le miroir le soir venu au moment de se coucher ou le matin au rasage, un air de haute compréhension l’enveloppe de près avec en plus une petite note d’humilité de rigueur et des pincées de sagesse pour finir ; le sourire de l’amiral demeure dans toutes les mémoires un ensemble d’impressions dont l’image physique s’est détachée, laissant un tissu de considérations imposantes et de jugements induits par ce sourire faux, une aura de respect et d’intelligence, de noblesse et d’expérience sûre attribuable autant à l’homme qu’aux personnes touchées par son maquillage subtile, la générosité se répand à son égard et chacun est content. L’amiral a regardé le ciel un peu bas, troué par endroits de fond bleu, il semble revenir sur terre où nous l’attendions et guettons maintenant le temps d’une seconde qu’il ne laisse pas s’éterniser le résultat et les conseils de sa récente ascension. Son bon sourire oublié dans le ciel se repeint sur la figure de l’homme et chacun souffle intérieurement. Le cœur se fait léger car la mine bienveillante du guide en ces lieux demeure inchangée. Rien ne change.