« Ainsi je devrais tout reprendre depuis l’origine pour vous qui étiez je ne sais où.. »
Alors ils s’installèrent dans une profonde habitude et eurent bientôt rejoint le groupe demeuré immobile. Là il les attendait au beau milieu d’un paysage décrit quelque part dans les pages du Lys dans la Vallée, à quelque lieues d’une route sur laquelle cheminait Jean-Baptiste Grenouille à la recherche d’un trou dans la roche ; au loin s’élevaient à hauteur d’oiseau les mystères d’un balcon niché dans la forêt.
Sans culture vous avez l’air bête. Si vous êtes bêtes vous passerez pour des idiots, idiots on vous demandera ce que vous pensez, pour rire. La foule se moquera de vous quand vous chercherez à lui donner à entendre ce qu’elle veut entendre alors que l’encadrement l’aura bien briefée et qu’elle saura parfaitement que vous ne faites que répéter ce qu’on vous a appris, c’est-à-dire ce qu’il faut dire de chaque chose qui vous entoure et penser de ce qu’on en dit. Chacun se tortillera donc le temps que durera la première partie de votre allocution, puis à la deuxième les chuchotis et les rires étouffés se feront de moins en moins discrets, vos oreilles siffleront franchement et, lentement, vous réaliserez que des visages qui vous avaient parus noyés dans une masse mêlée se détachent les uns après les autres à mesure qu’ils prennent la forme d’un clin d’oeil retourné à un voisin, de lèvres remuant dans un vague sourire sous une paire d’yeux qui ne vous quitte pas une seconde, de trois-quart et de profils qui se retournent l’un d’une oreille ouverte vers l’autre d’une bouche épelant des phrases recouvertes par le bruit qui monte. Vous serez ridicule. Au troisième acte on ne tardera pas à rire ouvertement. Vous tenterez de faire comme si de rien n’était, vous affecterez un air détaché, paraîtrez sincèrement étonné des premiers fous rires qui surviendront de vos dernières tentatives de vous désolidariser de vous même et puis, parce que ce ne sont pas des bêtes qu’on aura rassemblé pour constituer votre premier public, chacun s’en ira, presque en ordre, comme à la fin d’un cours normal dispensé à des étudiants moyens et bien élevés.